"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

dimanche 26 octobre 2014

Métamorphoses poétiques | Georges Rousse

  Base sous-marine de Bordeaux | Octobre 2014
Exposition Georges Rousse  "Métamorphoses poétiques"

Il dit :

                           "Ce que je réalise dans le lieu est toujours en volume dans l'espace,
                 tandis que mon esprit voit, dans le même temps, l'image finale, qui, elle, sera plane."
                                                                                                                                  



               



19 991 jours depuis le début















Un brouillard ce matin
on est déjà loin
in vino veritas à l'Avant scène
est arrivé un type sur son vélo
aller venir revenir on peut faire ça on en est capable.

19 991 jours depuis le début sur mon calendrier
un palindrome inscrit dans les chiffres
qui joue à se faire des peurs.
Aller venir revenir
ça commence/recommence toujours
avec ce qui menace.

Il n'y a pas d'oubli
à cause des mains
à cause des bras
et des jambes
une anamorphose des corps et
du sentiment plein la tête qui pèse des tonnes.














lundi 20 octobre 2014

Dans le passage




Ça arrive les images toujours les images
sous la ligne limite de la conscience
comme plus épaisses on croirait
par moment invisibles
un roulis d'images de mémoire enfouies liquides
presque évaporées ? 
tu te demandes 
ce qu'elle fait là alors
l'écharde








 


mercredi 15 octobre 2014

La boîte des silences











Les mains vapotent dans la glace une fumée sur un sourire cassis.
Chercher le fil dans le miroir de la salle de bain
le lien qui touche au paradis des traverses.

Bouche = un mot
à goûter dix mille fois longtemps 
à ne pas tenir
à s'écouter regarder modeler l'écrire
rouler à fond la carcasse de sa caisse
une musique qui décape dissonante une voix  qui danse
un sirop qui coule 
la gorge slowe
les yeux devant
droit devant.

La voiture perfore le paysage.

 
On déballe après
pour s'endormir
face à face
la boîte des silences.

mardi 14 octobre 2014

Buée




Un monde
ou rien que deux trois heures
ou deux trois jours
ou bien des rues 
on lâchait la bride du gros sac
sans prudence
sans prudence
sans rien que cette vérité : la nuit dans la nuit
où nous nous trouvions être infinis
restés là tombés
au fond d'une terre à gratter
une buée

samedi 11 octobre 2014

Parouyr Sevak



"Je regarde mes mains si intensément
qu'on pourrait penser que je suis fou !
Je regarde, je retourne mes mains
et je leur parle doucement
à elles seulement.

Elles, elles témoigneront.
Est-ce que tu étais dans ma vie ?
Est-ce que tu en sentais la douleur ?

Ces mains,
seulement elles,
m'obligeront à me souvenir !

Ce qui était me semble parfois être l'illusion
d'un poème que j'ai lu,
d'un rêve qu'on m'a raconté.
Je ne me rappelle même pas ton visage.
J'enrage,
je ne me pardonne pas,
je me déteste,
car je ne peux me rappeler ton visage.

Je me rappelle seulement tes yeux que j'embrassais,
qui regardaient où je regardais,
qui trouvaient où je regardais.

Et je ne me rappelle pas ton visage !


Mais si elles, elles se rappelaient ?
Seulement elles,
seulement ces mains qui se rappelleraient que tu existais,
seulement elles, qui se souviendraient
de tes mains, de ton odeur, de ta peau,
et de toi toute entière.

Je ne regarderai plus mes mains,
je ne les regarderai plus souvent ainsi
pour qu'on ne me croit pas fou.
Mais se tromperait-on, si on le pensait ?"

                                                                                                        Parouyr Sevak 
                                                 Poète arménien (Tahanakhtchi, auj. Sovietachen, 1924 – Erevan 1971).


Dans l’œuvre du poète arménien Parouyr Sevak, "Que la lumière soit !" fait figure de recueil testamentaire. 
C'est l'amoureux de la vie qui exalte le "miracle ordinaire" :
"Comme si la boue tout à coup fut lavée,
De la boue qui la couvre."


 Merci à Zhirayr Markaryan, Zhirayr mon ami, musicien de doudouk, de m'avoir fait découvrir ce poète.








Répétition Gérard Hello et Zhirayr Markaryan... par Quani



mardi 7 octobre 2014

Griffonia c'est pas le nom d'un chien









La pensée vacille
dans l'ombre d'une vacuité
un écart très mince
entre temps suspendu à la lampe
et une torpeur
une mélancolie
un truc qui se barre


... ici ~ là-bas ~  mer ~ peau ~  mains ~ orage ~ souvenirs ~ regards ~  noir et blanc ~ champagne ~

 bouche ~ pluie ~ attente ~ café noir ~  tableaux ~  villes ~ regards ~ sable ~  visage ~  dolce vita ~

nuits  ~ lunettes/noires ~ routes ~ vent ~  voix etc...


Le présent tient
dans des mots
détachés
d'un autre présent
une illusion à se mordre les doigts
Griffonia c'est pas le nom d'un chien
 1 à 2 gélules par jour
contient du L-5-HTP


...~ nulle part ~ désirs ~  chemins ~ photos ~ ailleurs ~  ombre ~ amigos ~  nuages

~ éclats de corps ~ levers de soleils ~ rouge à lèvres  ~ livres ~  ciels  ~ parfums ~  mandarines

~ papier ~ crayons ~ ciseaux ~ a salute etc... etc...








vendredi 3 octobre 2014

Journal-temps



Aujourd'hui, j'accueille ici avec grand plaisir Julien Boutonnier,  tandis qu'il me reçoit sur son blog   http://julienboutonnier-peut-etre.blogspot.fr/







devant l’école 24/09 11h28


debout
à la manière d’un terrain vague
sous le même ciel

à la main une longe verticale :

de vives invisibilités racontent ma mort :
                   [les deux arches de l’aqueduc enjambent vers dehors]

         ce tissu de vivre
à l’échancrure granuleuse
d’un arrière pays :
mon canevas lesté d’état civil
pour vêtir un présent

et faire rivière
avec les rudérales
sous le même ciel


parc 24/09 17h17

et puis j’ai vu le soleil
le soleil a succombé

(les longs doigts sombres du soleil
dévalent nos rues qui brûlent dans ta gorge)


et depuis son penchant
pour le soir
ne cesse de croître
dans la veine saillante
sous ta peau si fine et toi
        
tu espères
                      un lichen aux branches d’une voix
où loger le désir d’un autre itinéraire

salon, 24/09 22h39

détourner _____ qui
peine et sauve / course de fond
harassante
son nom
dans nos bronches / dans la noria
des phrases : la nuit
fuit sur Terre

(elle dit) j’ai dessiné quelques organes
éblouissants
vus d’en dessous
parmi les pensées
les faiblesses

:

reste une écorce joyeuse
au fil de l’eau
elle se tait / elle
se veut vivante
jusqu’aux ravines irrésolues
de nos paroles
sans peau ni racines

exposées au vent du sud à 03h04 de l’après-midi :
ce trou dans la voix

[Ô malheur du jour et de son sang
amnésie ventre à terre
rien ne se souvient /
précipite le
sens d’une vie
avant même qu’amour
perce les ruines à ton nom ]

(il y a nos mains tressées
pourtant – il y a
cette falaise / une
érosion qui laisse
jouir /
éboulis des sédiments
à tes lèvres humides)

/ trois fois d’affilée
tu tiens le seuil
ce drap léger
dans la lumière
                   où s’engouffrer mourir s’éteindre

(elle dit) il naîtra : amoindri pour qu’un
visage enfin lui incombe
et tienne
au temps



                                  texte et photo | Julien Boutonnier 


On pourra lire (ou relire)  "Ma mère est lamentable" de Julien Boutonnier aux éditions  publie.net, paru  en mai dernier et disponible ici  publie.net, coll. L’inadvertance, 2014.
Son écriture de la douleur de la perte est saisissante, sa voix donne corps à un parcours intérieur, à travers des espaces blancs, le souffle comme suspendu sur la mort, son nom à elle imprononçable. Un texte qui vient du corps, de la peau, rejoint au corps blessé du monde.
Ce texte fait partie de ce que j’appelle "les textes nécessaires", une sorte de chant qui troue les mots, les casse, et les désire dans l'épuisement d'un chagrin originel, plus grand que tout. La vie alors...

"j’ai bu le nectar
des nuits
pour me laver
du deuil
et mes orifices
ont produit le chant
de l’espérance j’ai écarté
les bras et j’ai brûlé
incendié l’espace
et le jour et la lave
d’ombre a dévasté la sale
gueule du deuil ma peau
ma peau
et j’ai couru
comme un loup libre et vif dans les labours
ensanglantés
sous la démence vespérale ma peau
ma peau
j’ai couru
enfant adulte vieux sage con
j’ai couru vers la
vie mais deuil mordait mes mollets
et mangeait mes
couilles et ricanait et
j’ai succombé et j’ai
chuté
de nouveau et le désespoir fut l’ordre
de ma raison"

François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants: Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.


La liste complète des participants aux échanges est établie par Brigitte Célérier
Encore une fois grand merci à elle.