"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

jeudi 25 septembre 2014

Vertige








D'abord, de grands calques sur les visages, 
sans transparence.
Il pleut parfois.
Sur la vitre, de longues gouttes glissent 
à la verticale tordue des fontaines.  
 
Un corps bouge, très loin en soi, 
et tremble
du vertige juxtaposé des choses. 



mardi 16 septembre 2014

Notre poussière, mon coeur

Que l'humain demande à la poussière !  
Notre poussière, mon cœur. La tienne, la mienne.
 
Demandez grâce ! Demandez des grâces.  
Laisser venir les mots qui sortent de la bouche. 
Même si ce ne sont pas forcément les bons, 
mais c'est seulement comme cela que les bons ont une chance de sortir.
 
Je me suis levée tôt, tiraillée, ruminant des sensations, des états, passant de l'un à l'autre,  une balade  sur des Champs très peu Élyséens, sans gloriole, sans allégresse, des efforts à faire et c'est une faute de goût, peut-être. 
Mettre tout ensemble, et tant pis pour les virages en épingle à cheveux ! 
Tout se mélange. Tout est lié, alors ça n'a pas d'importance, ce méli-mélo à la gomme, ce charivari dans la tête...


  - Tu me diras hein, un jour si je débloque, t’oublieras pas !
 Je réponds que oui, je réponds que je lui dirai. Je pense à ce moment-là que Céline a raison, que "la pire défaite en tout, c'est d'oublier, et surtout ce qui vous a fait crever."  
 
Je relis cette phrase de Emmanuel Carrère ... Je la malaxe, elle est magnifique.
"On est toujours content quand les gens qui nous aiment relèvent nos travers comme des raisons supplémentaires de nous aimer."

lundi 15 septembre 2014

Pour des fleurs !

On va parmi les solitudes et s'accroche tant qu'on peut
aux fils des arbres généalogiques pas morts
aux racines des lierres tendres
aux figures penchées mal foutues même
à émietter le gâteau sec ce qui revient entre les doigts de folie pure
mise en graine 
une case en moins c'est tout vu pour des fleurs

jeudi 11 septembre 2014

Ce n'est pas que...







Ce n'est pas que le regard soit verrouillé par le soleil dans la rue
zone libre conscience floue les gens courent leurs affaires  
Le jour est tombé par effraction d'un bloc
les yeux ont coulissé sur la lumière glissé sur l'évidence
et l'envie de bleu encore de bleu pur ripe aux bateaux des trottoirs
s'affale mon cœur sur le goudron bien noir bien dur

mercredi 10 septembre 2014

Toujours une voiture au bord d'une route




Un drap se déchire, éclair bleu, mémoire vive.
Un puits d'ombres livré/délivré.
Toujours une voiture au bord d'une route, au bord, tout au bord...
Grise, sans doute grise, avec des taches de peinture plus foncée près des phares.
La voiture s'est arrêtée.
Forcément, à un moment, elle se sera arrêtée.

Musique de bal antique, luxe rouillé, moleskine beige.
Ils se tiennent par les yeux, un embrasement, des fiançailles, ne se lâchent pas, veulent pas se défaire, tout immobiles dans leur beauté siamoise,
Ils se respirent.
Un mal sous les paupières, ils se respirent,
peau qui bat, se respirent,
raccord de la chair qui boit au calice respirent un autre souffle.
Sur le toit de la bagnole, un bruit de feuilles froissées.

La nuit brûle ses dernières cartouches.
Lumière timide sur les sièges, flaque des premiers soleils.
Des fils, on dirait, s'entortillent autour des deux corps emboîtés.
Alors ils ouvrent les yeux.

La route est longue et droite, une flèche coincée sur l'horizon.
"Il existe". Elle pense ces mots, pauvres, tout pauvres.
Le désir ne sait pas autrement dire.
Le charnu de la bouche, l'humidité de la bouche, le mouvement de la bouche.
Rien ne sera jamais plus vrai que ça.
Rien ne sera jamais plus faux que ça,
ces mots qui ne savent autrement dire.

Faudrait inventer une autre langue...

Le matin pend aux arbres, des fruits d'eau détachés qui roulent et tombent. Ploc !
Il dit peut-être quelque chose comme :  "Construire des châteaux avec des planches".


Elle avance la voiture ? Rien ne bouge pourtant. Ou si peu.
Comme c'est étrange cette route qui se déploie !
Elle, elle a poussé un cri.
Ou bien elle aura ri
pour recommencer.


vendredi 5 septembre 2014

Question de pente




Le soleil s'attarde dans les vitrines.
Tu t’appuies sur du solide. Tu fais semblant.
C'est question de charpente, de pente, de corps.
De lenteur.
Tu laisses filer.
Tes gestes glissent tout seuls à la caisse du supermarché flambant neuf.
Il a pris feu un soir au début de l'été.
Les gens parlent longtemps de l'incendie,
sirènes et bandes d'arrêt d'urgence,
comptent les issues de secours
de la mémoire.

Un homme dit : "c'est comme l'amour,
ça ne s'éteint pas avec la pluie tombée d'un toit en tôle."
Et pour un peu,
les paupières plient.







mardi 2 septembre 2014

L'anticyclone des Açores passe dans les yeux





On croit qu'on s'est épuisé, qu'on a été au fond du ciel d'orage.
Ce n'est pas vrai. Pas complètement vrai.
On réajuste dans la lumière de l'aube.

On ne dit plus qu'accepter est plus difficile que le renoncement.
On n'épilogue pas.

Une douceur vient sous les doigts avec une petite brume bizarre 
rompue sur la table, sur le jardin, sur le visage, n'importe où !
N'importe où !
On se tient sur un seuil qu'on enjambe
dans des éclats de poussière,
une odeur de ville en fin d'été,
de frottements multiples, 
de mer là-bas au bout de l'autoroute,

et une éclaboussure de jupe.